Qui mieux qu’un clown blanc tel que Gramblanc de Jean Lambert-wild pour renouer avec cette liberté, cette impertinence, cet humour ? Il incarne le personnage de Turold, écuyer-poète de Roland, qui raconte chaque jour La Chanson de Roland au milieu de sa ménagerie de cirque : l’incroyable ânesse du Cotentin Chipie de Brocéliande et les poules Suzon et Paulette. Ce personnage, tel Sancho Panza ou un vieil arlequin, est parfois compréhensif, parfois horripilé par les excès de son maître.
Sans aucune nostalgie pour un passé hors d’atteinte, ce spectacle renoue avec la force revigorante et l’inspiration joviale qui, du Moyen Âge aux grands clowns, ont caractérisé la haute culture populaire. La poésie n’est pas composée pour être lue au coin du feu, mais pour réchauffer par sa profération et nous tenir en haleine jusqu’à son dernier vers.