L'histoire des fêtes

Nées en 1932, les Fêtes de Bayonne sont devenues LA référence des grands rassemblements festifs de notre pays. Enfiler sa tenue blanche, nouer son foulard rouge sont aujourd'hui les gestes quotidiens de milliers de "festayres" qui viennent vivre avec passion et respect ces cinq jours et cinq nuits de fête. Nous devons ce rituel à une belle bande de copains, encouragés par la complicité bienveillante des élus de l'époque.

Les premières Fêtes de Bayonne ont été officiellement déclarées ouvertes le mercredi 13 juillet 1932. Une bande de copains, joueurs de rugby de l'Aviron Bayonnais, habitués des "Sanfermines" de Pampelune, imagine de créer celles de Bayonne dans le même esprit.
L'idée est concrétisée par le Comité des Fêtes de l'époque et son président, Benjamin Gomez, qui propose à la municipalité un programme de qualité pour accompagner la célébration de la Fête Nationale du 14 juillet. Le maire, Joseph Garat, et son conseil municipal valident le concept et confient l'organisation de ces animations à ce groupe de joyeux lurons qui, deux ans plus tard, le 13 mai 1934, sera sacré champion de France de rugby face… aux voisins biarrots.
Au programme : grande journée basque proposant aubades, passe-rues, concerts, parties de pelote basque mais surtout les courses de vaches dans les rues du Petit Bayonne, début d'une grande aventure. Cette journée est aussi marquée par un corso de voitures fleuries et un concours d'élégance automobile sur les allées Paulmy. Les Bayonnaises et les Bayonnais assisteront également à la toute première sortie des Géants, créés également par Benjamin Gomez.

Mercredi 13 juillet 1932, les premières Fêtes de Bayonne sont officiellement déclarées ouvertes !

Le quotidien local, Le Courrier de Bayonne, Biarritz et du Pays Basque sera le premier à l'annoncer, en avril 1932 : "Bayonne, ville verdoyante qui unit dans sa grâce le charme du Gascon et du Basque, celle que l'on proclamerait la plus belle de France au concours de la beauté des villes, sera en fête les 13, 14, 15, 16 et 17 juillet".
A partir de cette date, le conseil municipal et les membres du Comité des Fêtes font un travail de communication colossal. Des caravanes de voitures, des avions du Centre d'Aviation de Pau sont chargés d'affiches et de prospectus, distribués sur toute la région pour annoncer l'ouverture des premières Fêtes de Bayonne. LeCourrier du 11 juillet 1932 proclame même : "La France entière connaîtra le programme de nos réjouissances" !
Pourtant, cette première édition de nos Fêtes est contrariée par une météo capricieuse.
Après les Fêtes, ce même journal raconte : "Une foule énorme, que l'on ne saurait évaluer, était venue des localités environnantes pour assister aux diverses manifestations. Trains, autos, cars avaient déversé des milliers et des milliers de personnes sur nos places et dans nos rues. A 21 heures, c'est en présence d'une véritable mer humaine que fut donné, sur la place d'Armes, le concert avec le concours de l'Harmonie bayonnaise et d'artistes lyriques, qui ont suivi les organisateurs du Critérium cycliste du Midi. Cette foule enthousiaste subit stoïquement l'averse et acclama Wig Bill qui, à deux reprises, traversa la Nive sur un câble tendu du Réduit à la Liberté. Il se livra à d'audacieuses acrobaties mais ne put, en raison du mauvais temps, circuler en motocyclette sur le câble. Le feu d'artifice ne put être tiré et l'on dut évidemment renoncer au bal public".
Ceci n'empêcha pas les bals de se former aux quatre coins des rues, les txistularis et les gaiteros de jouer, les Géants et les chars de défiler.

 

La tradition du lancer des clés depuis le balcon de l'hôtel de ville, à l'ouverture officielle des Fêtes, remonte à l'année 1947 et à la volonté du nouveau maire, le docteur Maurice Delay.
Les trois clés symbolisent les trois grands quartiers du centre de Bayonne : le Grand Bayonne, Saint-Esprit et le Petit Bayonne. Ce rituel reste immuable et au fil des années, les plus grands "people" de l'Hexagone se sont succédé au balcon. Luis Mariano, Johnny Halliday, Darry Cowl, Mireille Mathieu, Jean-Jacques Debout, Chantal Goya, Thierry Le Luron, les Compagnons de la chanson, Gérard Lenorman… la liste est longue. Plus récemment, les festayres ont applaudi Bernard Lavilliers, Julien Clerc, Patrick Bruel, Frédéric Beigbeder, Anne-Sophie Lapix ou encore Jean-Marie Bigard. Les meilleurs sportifs sont eux-aussi régulièrement honorés, tels Yannick Noah après son titre en Coupe Davis ou la capitaine de l'équipe de France de basket Céline Dumerc.
Tous les sportifs bayonnais le savent, un titre dans l'année vaut accès VIP au balcon, la joie de saluer la foule clés en main et de recevoir en retour la clameur de la foule à l'évocation de son nom. Frisson garanti !

De toutes les grandes réunions festives du sud de la France, celles de Bayonne sont les seules qui continuent à porter le nom de "Fêtes" et non de ferias. Ici, l'accent est mis sur les différentes traditions festives du Pays Basque et de la Gascogne qui se déclinent en autant de jeux, de danses, de musique et de chants. La musique vivante est à l'honneur et célébrée partout : chœurs d'hommes, chorales, bandas et autres groupes de musique traditionnelle sont autant les véritables animateurs que les acteurs de la Fête.
Des courses de vaches sur la place Saint-André au festival de force basque, des animations du Karikaldi au défilé du Corso lumineux en passant par les défilés festifs et musicaux, jusqu'aux prestations des grands orchestres, tout est "labellisé" tradition locale.

Les Fêtes de Bayonne, contrairement aux rassemblements de nombreuses autres villes, ne sont pas placées sous l'égide d'un saint patron. Non, celles de Bayonne sont guidées par un singulier monarque, le roi Léon !
Demandez aux petits et aux grands festayres qui est le roi Léon ? Probablement la plupart vous chanteront-ils la célèbre ritournelle… mais peu d'entre eux sauront vous répondre précisément. Pourtant, Léon est l'idole de tout un peuple durant les cinq jours des Fêtes !

La paternité de ce mythe revient aux jeunes de la banda les Batsarous qui, pour prendre le contrepied de l'élection de la "la reine des Fêtes", se choisissent un roi, Léon Dacharry, figure emblématique de Bayonne, le 5 août 1949. Léon a de la prestance, une belle voix et se prête au jeu, parfois narquois, de ces jeunes admirateurs.

Mais sa bouille joviale et sa nomination officielle, c'est le Club Or Konpon, André Lascoumes et Jacky Barenot en tête, qui nous l'offre. Ils ont l'idée, en 1987, de demander à Jean Duverdier, dessinateur bayonnais, de créer une mascotte en s'inspirant de la "poupée", icône des festivités de Vitoria Gasteiz.

Depuis le mercredi 5 août 1987, notre bon roi s'installe au balcon de la mairie et veille sur son royaume en fête, de l'ouverture du dais royal mercredi à 22 heures jusqu'à sa fermeture dimanche à minuit.
Personnage emblématique des Fêtes de Bayonne, le roi Léon est la mascotte de tout un peuple de festayres. Petits et grands le respectent et le vénèrent avec, notamment, une animation phare tous les jours au balcon de l'hôtel de ville, le réveil du roi à 12h précises.

Qui dit journée de fête, dit chanson !

Pour réveiller notre bon roi, une chanson spéciale est créée par la maison de disque bayonnaise Agorila au début des années 2000 : "Debout Léon" devenue la chanson officielle du réveil du roi. Et lorsque vous rejoignez les festayres rassemblés place de la Liberté et que Léon apparaît au balcon, tous la chantent à l'unisson !

En voici le refrain :

Debout, debout, debout Léon !
Il est temps de mettre ta couronne
Pour nous ce sera toujours toi,
Le roi des fêtes de Bayonne

Debout, debout, debout Léon !
Il est temps de monter sur le trône
Ton peuple n’attend plus que toi
Debout, Léon, c’est toi, le roi !

L'année suivante, en 1988, fort du succès rencontré par le roi Léon, les membres d'Or Konpon vont plus loin en créant une suite royale. La cour du roi s'organise d'abord autour de trois personnages mythiques et populaires : la gouvernante, le chef des gardes et le chocolatier du Roi. Portés à dos d'hommes par les membres de l'association Tipi Tapa, ces Géants avancent, en fin de matinée, à travers les rues de Bayonne vers l'hôtel de ville pour assister au réveil de sa majesté. Enfin, en 1989, trois nouveaux Géants, la favorite, le fou et le médecin, viennent agrandir la famille et le cortège de la cour du roi.

Aujourd'hui, nous applaudissons une cour complète :

  • La favorite : éternelle amoureuse qui rêve de devenir la reine
  • Le médecin : garant du bien-être et de la bonne santé du roi
  • La gouvernante : femme au caractère bien trempé
  • Le chocolatier : en référence à la tradition gastronomique de Bayonne
  • Le maréchal : homme de main qui fait régner l’ordre public
  • Le fou : artiste fantasque et malin qui symbolise le caractère festif des Bayonnais

Les membres de l'association Tipi Tapa sont les porteurs officiels de la cour et, tous les matins, à 10h, les Géants partent fendre la foule des festayres pour aller réveiller le fainéant roi Léon sur la place de la Liberté lors d’un rassemblement populaire qui marque le début d'une journée gaie et conviviale... une journée de fête.